Le 13 août 2021, le Réseau Avenir égalitaire, en partenariat avec le Réseau des femmes en environnement, a réuni des organisations lors d’une séance de réflexion de 90 minutes pour parler de la crise climatique et ses effets au-delà de l’environnement, en particulier les liens entre le changement climatique et le genre et comment ils touchent les populations, les communautés et les individus qui vivent dans les zones qui subissent ses effets au Canada.
Les participant·es ont entendu des présentations de représentant·es du Réseau des femmes en environnement et de la Victoria International Development Education Association (VIDEA), qui ont fourni un contexte pour la discussion et partagé les liens entre le genre et les changements climatiques au Canada.
Finalement, c’était notre première séance d’incubation en français. Au total, 36 participant·es ont assisté à la séance et participé aux petits groupes. Voici ce que nous avons entendu :
DOMAINES AYANT BESOIN D’UN SOUTIEN CIBLÉ
Le changement climatique constitue le problème de développement humain le plus important de notre époque. Au Canada, ses impacts se ressentent dans nos diverses régions géographiques et menacent l’intégrité de l’écosystème. Mais ses effets sont beaucoup plus qu’un enjeu social, économique et politique, car il est environnemental. Il entraîne notamment des conséquences sur l’approvisionnement alimentaire, la santé, l’industrie et les transports, qui ont tous de profondes incidences sur la justice sociale et l’égalité des genres.
En ce qui concerne le genre, le genre influence comment les individus subissent le changement climatique et composent avec celui-ci. Les femmes, les filles et les personnes aux diverses identités de genre portent souvent le fardeau de la crise climatique, car elles en subissent les conséquences de façon disproportionnée[1]. Elles font également face à des limites lorsqu’il s’agit de participer à la politique et aux réponses au changement climatique, ce qui exacerbe les relations inégales datant de plusieurs générations.
[1] Il est important de reconnaître que la nature de ces différences varie selon le contexte, et que l’âge, l’ethnicité, la classe et d’autres facteurs qui croisent les relations entre les genres comptent également.
IMPORTANTES LACUNES ET PRINCIPAUX DÉFIS
- Intersectionnalité dans le mouvement
Il est important de considérer le fait qu’on détient le pouvoir, de questionner et de se demander si c’est la seule perspective dont on tient compte :
- Femmes : Il y a un déséquilibre entre les sexes et il faut inclure plus de femmes autour de la table. Il faut qu’on intègre les femmes dans les décisions et dans les positions de pouvoir à tous les niveaux parce qu’elles ont des perspectives et des expériences uniques. On sait que le changement climatique a des incidences différentes sur les gens – selon les circonstances socio-économiques, les handicaps éventuels, l’âge ou le sexe, et lorsque les solutions aux changements climatiques tiennent compte de ces différentes réalités, elles sont plus efficaces et leurs effets se répercutent sur la société.
- Jeunes : Le leadership des jeunes, en particulier les jeunes autochtones, est important dans la gestion de la crise climatique. Il faut éliminer les obstacles qui se sont mis en avant parce qu’ils contribuent de manière décisive à l’action pour le climat. Ce sont des acteurs du changement, des entrepreneurs et des innovateurs. Que ce soit par le biais de l’éducation, de la science ou de la technologie, les jeunes multiplient leurs efforts et mettent à profit leurs compétences pour renforcer l’action climatique.
- Communautés autochtones : Les approches pour résoudre la crise climatique soutiennent les anciennes structures coloniales. Il faut impliquer le point de vue des Autochtones lors des discussions parce qu’ils vivent en harmonie avec la terre. Ils ont vu les premières indications de changement et ils habitent dans les endroits les plus touchés. Les communautés autochtones qui vivent le changement climatique chaque jour sont mises de côté, mais ce sont elles qui connaissent les territoires et les indicateurs. Pour trouver une solution, réaliser des progrès sur la crise, il faut s’appuyer sur les gens qui ont les connaissances traditionnelles – la science moderne, la science occidentale, n’est pas la seule forme de connaissance qui existe.
- Femmes/personnes handicapées : Les personnes handicapées méritent aussi une place à la table. Comme les autres populations, les personnes handicapées sont touchées de manière disproportionnée par le changement climatique. On en sait peu sur les effets du changement climatique sur leur vie ou leur rôle dans la promotion de la justice climatique.
- Recherche
Il y a un manque de recherche concernant les liens entre le genre et l’environnement, en particulier d’une perspective francophone/québécoise. Concernant la recherche existante, il y a un vide entre les organisations anglophones et francophones qui travaillent dans ce domaine et un manque de communication. Par ailleurs, il est impératif d’avoir plus de recherches sur les effets du changement climatique sur les autres domaines de vie comme, par exemple, la violence envers les femmes.
- Le problème d’inaction et qui est responsable?
Finalement, une grande question est : qui est responsable? Est-ce l’inaction parce que la crise climatique ne se passe pas dans notre cour? Est-ce que la responsabilité est attribuable au gouvernement, aux grandes entreprises ou aux individus? Est-ce que cela va prendre une catastrophe climatique pour que les gens s’en soucient? Pour aller de l’avant, nous avons besoin plus de direction, de conseils et d’un plan d’action qui nous unifie.
QUE FAIRE MAINTENANT?
Il faut regarder qui est autour de la table et qui manque autour de la table. Il faut partager les ressources, les connaissances, les outils d’éducation. Il faut penser de façon inclusive, ainsi que partager avec des groupes présentant des préoccupations, mais qui n’ont pas les outils, et sensibiliser les gens qui n’ont pas les connaissances, les ressources, une voix. Pour qu’un changement transformateur puisse se produire dans le cadre de la crise climatique, les femmes, les filles et les personnes aux diverses identités de genre doivent être à l’avant-plan de toutes les réponses du plan d’action environnemental et climatique.
RESSOURCES SUPPLÉMENTAIRES
- Vert un avenir féministe
- IPCC Report (anglais)
- Réseau des femmes en environnement – Rapport: L’intégration du genre dans la lutte aux changements climatiques au Québec
- Réseau des femmes en environnement – Santé environnementale
- L’Écocast – https://open.spotify.com/show/5kGV6uRIeLXKP3DqCkJan1?fbclid=IwAR271j69hAy0oISHHd0SoY-JNECWNdL51UAeDNGoJVDEo2N6gs-zUsyLgKE
- https://www.disabilityinclusiveclimate.org/ (anglais)
- https://www.tgfm.org/fr/nos-publications/99
- https://donneesclimatiques.ca/etude-de-cas/les-vagues-de-chaleur-extreme-au-quebec/
Le Réseau Avenir égalitaire reconnaît que les peuples autochtones sont les gardiens traditionnels de l’Île de la Tortue, qu’on appelle également le Canada.