Comment les pharmaciennes et pharmaciens contribuent-ils à la réponse à la COVID-19? Nous en avons récemment parlé à Stephanie Burden, qui vient d’être nommée Pharmacienne canadienne de l’année par l’Association des pharmaciens du Canada :
Stephanie Burden est pharmacienne et propriétaire d’une pharmacie à Rocky Harbour, T.-N.-L. Elle est titulaire d’un baccalauréat en sciences pharmaceutiques de l’Université Memorial et en voie d’obtenir son doctorat en pharmacie (Pharm. D.) de l’Université de Toronto en juin 2021. Il y a cinq ans, Stephanie a mis sur pied et inauguré sa pharmacie de soins complets Pharmasave, une pharmacie communautaire et centre de soins de santé dont la vision est d’intégrer la pharmacie au cœur du système de santé rural.
Stephanie plaide en faveur de la continuité des soins et perçoit l’étendue du travail des pharmaciennes et pharmaciens comme un outil visant à s’assurer que sa patientèle ne passe pas à travers les mailles du système de santé. Elle et son équipe ont créé une culture visant à relier la patientèle aux services de pharmacie par le biais de conversations et de soins.
Au fond, Stephanie est une éducatrice, qu’il s’agisse d’éduquer ses patients sur ses réseaux sociaux, d’éduquer la prochaine génération de pharmaciennes et pharmaciens en tant que préceptrice ou d’éduquer les pharmaciens vétérans sur la façon d’agir et d’établir une pratique professionnelle épanouissante.
En 2021, Stephanie a été élue Pharmacienne canadienne de l’année par l’Association des pharmaciens du Canada. En 2020, elle a reçu le prix de la coupe d’Hygie à Terre-Neuve-et-Labrador et a été élue préceptrice communautaire de l’année par l’Université Memorial. Lorsqu’elle ne participe pas à la croissance de son entreprise de pharmacie ou qu’elle ne travaille pas auprès de sa patientèle, Stephanie aime profiter des magnifiques paysages de Terre-Neuve en faisant de la randonnée, de la motoneige et de la raquette, et en passant du temps avec son mari Craig et leur Goldendoodle Lucy.
Comment la pandémie a-t-elle affecté votre travail? Si les Canadiennes et les Canadiens pouvaient comprendre une chose à propos de votre travail, de quoi s’agirait-il?
La COVID-19 m’a forcée à être plus déconnectée que jamais de ma patientèle. Nous sommes une pharmacie communautaire axée sur l’expérience du patient. Notre approche de soins aux patients est donc très pratique et implique des entretiens individuels réguliers, des vérifications de la pression artérielle et du taux de sucre dans le sang à la pharmacie et répondre aux préoccupations des patients sur-le-champ. Il n’est pas rare qu’une personne vienne à la pharmacie pour savoir si sa rougeur signifie qu’elle est atteinte de zona! Les pharmaciennes et pharmaciens d’un bout à l’autre du pays ont été contraints de s’éloigner de leur patientèle, mais j’aimerais que le peuple canadien sache que nous sommes toujours les professionnels de la santé les plus accessibles. Nous continuerons de parler avec vous de votre médication le plus sécuritairement possible.
Comment la pandémie a-t-elle affecté votre vie personnelle?
Le fait de devoir nous éloigner physiquement de nos amis et de notre famille nous a certainement causé beaucoup de pression. Heureusement, vivre dans une région rurale de Terre-Neuve signifie qu’il y a de vastes espaces à explorer. Mon mari et moi sommes passionnés de plein air. Faire de la randonnée pédestre, de la motoneige, des feux de joie et des promenades en compagnie de notre Goldendoodle Lucy nous a permis de garder notre joie de vivre.
Vous êtes-vous fait vacciner? Si oui, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris que vous alliez recevoir le vaccin? Si non, comment l’attente affecte-t-elle votre santé mentale?
Je viens tout juste de recevoir ma première dose du vaccin, le 20 avril! Les pharmaciennes et pharmaciens de Terre-Neuve-et-Labrador attendent depuis longtemps d’être admissibles à la vaccination et j’ai dû attendre un peu plus longtemps puisque j’habite dans une région rurale. L’attente a certainement été ardue pour moi, mais aussi pour mon personnel, dont les membres ne sont pas pharmaciens, mais qui est à mes côtés depuis le premier jour de la pandémie. Je serai la plus heureuse des femmes lorsque mon équipe aura enfin son rendez-vous pour se faire vacciner. Le personnel infirmier qui vaccine ici, sur notre site, est très reconnaissant de vacciner la population et tout le monde se fait féliciter joyeusement après l’injection! C’est très touchant.
Avez-vous un conseil à donner aux étudiantes et étudiants en pharmacie pendant cette période?
Regardez autour de vous. Regardez l’engagement des pharmaciennes et pharmaciens dans tout le pays. Cette profession exige un grand dévouement et je suis si fière de mes collègues qui ont fait passer le service avant eux-mêmes. La patientèle passera toujours en premier. J’aimerais que vous soyez fiers de l’engagement que vous vous apprêtez à prendre envers votre future patientèle et vos futures communautés. Vous vivrez des périodes difficiles tout au long de votre carrière, mais vous ne serez jamais seuls. Nous sommes un groupe de professionnels ayant le but commun de servir ce pays et de rester accessibles et fiables pour notre patientèle. Si vous êtes la seule personne à exercer la profession de pharmacien au sein de votre pratique, n’hésitez pas à lâcher un coup de fil à un collègue pour lui demander de l’aide ou un conseil, ou pour lui demander : « Que ferais-tu dans ce cas-ci? ». C’est ce que les pharmaciennes et pharmaciens font de mieux. Nous ne sommes pas là seulement pour nos patients, nous sommes également là les uns pour les autres.
La dernière année a été longue et difficile. Qu’est-ce qui vous motive? Avez-vous des histoires d’espoir à partager?
L’année a été longue et difficile. Mes patients me poussent à continuer. Quand ils me parlent de leur frustration par rapport aux soins virtuels et aux visites téléphoniques, mais qu’ils me disent que l’équipe de la pharmacie est fiable et accessible, et qu’ils sont reconnaissants et soulagés de savoir qu’ils peuvent encore venir à la pharmacie pour faire vérifier leur pression artérielle ou obtenir des conseils personnalisés sur leur santé, c’est très motivant. Je pense que si nous avions été contraints d’offrir les services pharmaceutiques virtuellement ou par téléphone, cela aurait entraîné une grande perte de satisfaction professionnelle au sein de toute la profession.
Il y a aussi mon équipe : je suis pharmacienne, mais je suis également propriétaire d’une pharmacie. Me réveiller tous les matins en sachant que mon équipe dépend de moi pour la guider à travers cela, pour gouverner le navire malgré la tempête, c’est ce qui me motive le plus. Je suis peut-être à la tête de l’entreprise, mais il est souvent arrivé que d’autres membres de mon équipe, dont les aides-pharmaciens, notre élève en pharmacie, notre équipe qui travaille à l’avant de la boutique ainsi que le gérant, prennent ma place quand j’étais trop épuisée pour être la capitaine du navire. Quand la vie et notre pharmacie connaîtront enfin un retour à la normale, je serai très fière de dire que moi et mon équipe sommes passés à travers cette crise ensemble.
Le Réseau Avenir égalitaire reconnaît que les peuples autochtones sont les gardiens traditionnels de l’Île de la Tortue, qu’on appelle également le Canada.