Le Réseau Avenir égalitaire est une communauté d’organisations, d’agences, de sociétés civiles et de projets nationaux, régionaux, locaux et communautaires de partout au Canada qui s’engagent en faveur de la justice sociale, de la promotion de l’égalité entre les genres et de l’égalité des chances pour tous. Ce blogue a été rédigé par l’un de nos partenaires communautaires.

À la fin janvier et au début février 2021, j’ai eu le privilège de me joindre à la délégation canadienne officielle au Sommet des jeunes du G7, familièrement appelé le Y7. Au cours de mois de travail exténuant, de négociations difficiles avec nos homologues du Y7 et de développements politiques de dernière minute, notre équipe a constamment montré son engagement et sa persistance à faire entendre la voix des jeunes Canadiens aux plus hauts niveaux gouvernementaux et diplomatiques.

Tout au long de consultations avec les jeunes d’un bout à l’autre du Canada et de discussions avec les experts et les dirigeants de l’industrie, les ministres nationaux et les sherpas du G7, une chose est restée vraie : nous ne pouvons pas avancer vers une reconstruction plus solide après la COVID-19 sans l’inclusion et la participation active des jeunes.

En veillant à ce qu’aucun pays ne soit laissé pour compte, la délégation canadienne au Y7 a présenté des propositions audacieuses de réponses équitables qui reconnaissent les disparités raciales, sexuelles et économiques parmi les jeunes et les populations importantes.

Après les sommets du Y7 et du G7 à la fin du mois de juin, j’ai rencontré les membres de ma délégation pour discuter de leur expérience dans l’élaboration d’approches ascendantes visant à faciliter des réponses équitables en matière de genre aux engagements du Y7 et du G7.

Pourquoi est-il essentiel de faire progresser l’équité entre les genres au niveau national et à quoi cela ressemble-t-il au niveau multilatéral ?

« Lorsque nous abordons la question de l’égalité entre les genres, il est essentiel de prendre en compte tous les atouts, notamment la sécurité, l’économie, la technologie, la santé, le leadership ou le bien-être », a confié Mojann Zibapour, déléguée principale du Y7 et représentante du numérique et de la technologie.

« En réalité, que l’on considère le point de vue national ou international, l’égalité entre les genres profite à tout le monde. Les obstacles politiques auxquels les femmes ont longtemps été confrontées perdurent, et la participation des femmes à la vie politique reste minime, même parmi les pays du G7. L’intégration d’une représentation et d’une participation équitables des femmes dans la vie publique et l’accès aux postes de pouvoir est cruciale pour réaliser l’égalité entre les genres, tant au niveau national qu’au niveau multilatéral. Nous pouvons commencer par accorder une attention particulière aux besoins et aux vulnérabilités des femmes et aux environnements sanitaires, psychosociaux et professionnels des personnes de genres différents. »

Comment la délégation canadienne a-t-elle canalisé ses efforts pour mettre l’équité entre les genres au premier plan lors du Y7?

Rahul Pallan, coordonnateur de l’engagement et représentant de l’économie, a noté que « la délégation canadienne au Y7 a considéré la Politique d’aide internationale féministe du Canada comme point de départ pour ses recommandations politiques et pour ses arguments dans le processus de négociation. »

M. Pallan a fait remarquer que « [la délégation canadienne] a travaillé avec d’autres délégations au Y7 pour s’assurer que nous soutenions des initiatives telles que le Partenariat mondial pour l’éducation (PME), qui vise en partie à améliorer la situation des femmes et des filles en offrant un accès significatif et constant à l’éducation dans les communautés du monde entier. Nous avons également fait de la faim dans le monde une priorité, en reconnaissant que nous pouvions tirer parti du travail du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies pour donner aux femmes le pouvoir de subvenir aux besoins de leur famille au sein de leur communauté, d’explorer les possibilités d’entrepreneuriat et de jouer des rôles plus importants dans la société en leur permettant de participer à l’économie en tant que parties prenantes de systèmes financiers naissants. »

Il a poursuivi en affirmant que « Dans le contexte des économies avancées, nous nous sommes appuyés sur les données d’institutions telles que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et sur le travail de nos homologues du Labour 7 pour proposer des politiques qui mettraient en évidence les écarts de rémunération flagrants et l’accès aux opportunités pour les femmes et les filles des pays du G7. Grâce à ces initiatives et à bien d’autres, nous avons veillé à ce que le Canada s’impose à nouveau comme un champion pour tous, en particulier pour les personnes marginalisées et défavorisées, en mettant l’accent sur le genre. »

Pourquoi est-il important que les jeunes, en particulier les femmes et les jeunes de genre différent, participent aux processus politiques de haut niveau tels que le Y7 et le G7?

« Les jeunes ont un rôle énorme à jouer pour que l’égalité entre les genres soit une priorité, tant au niveau national qu’international », a déclaré Mme Zibapour.

« [Il est important de profiter] de sa propre plateforme pour défendre et promouvoir l’égalité et l’équité entre les genres. Lorsque nous considérons des sujets tels que l’éducation ou l’emploi, il existe des réalités indéniables qui entravent l’accès des filles à ces espaces. À l’heure actuelle, plus de 132 millions de filles ne sont pas scolarisées, et l’UNICEF indique que dans les pays touchés par un conflit, les filles ont deux fois plus de chances de ne pas être scolarisées que celles qui vivent dans des pays non touchés. Avec des inégalités de genre aussi drastiques pour les jeunes, nous avons besoin que les dirigeants créent des espaces dans lesquels les jeunes sont habilités à être les agents de leur propre changement. »

Pour démanteler les systèmes dominés par les hommes en matière d’aide étrangère, de commerce, d’immigration, de paix et de sécurité, les politiques étrangères féministes gagnent de plus en plus de terrain au sein du G7.

Du point de vue du Y7, comment pouvons-nous aborder l’équité entre les genres au moyen d’une approche intersectionnelle?

« Le système mondial est hiérarchique et patriarcal », a déclaré Carla Guillaume, coordonnatrice de l’inclusion et représentante du climat et de l’environnement.

« Il est donc encourageant de voir des pays puissants comme le Canada, la France et d’autres reconnaître l’importance d’accroître l’engagement envers l’équité entre les genres en tant que principe fondamental des politiques étrangères, mais aussi en tant qu’objectif financé. Cependant, nous avons constaté que les politiques étrangères féministes, dans leur forme actuelle, présentent de nombreuses lacunes. Elles ont tendance à se concentrer sur les femmes et les filles et ne reconnaissent pas toujours que l’égalité entre les genres ne se limite pas à l’autonomisation des femmes. Les héritages historiques de la colonisation et de l’intervention militaire continuent de façonner les politiques étrangères des pays du G7. Je peux dire que les jeunes ont beaucoup travaillé pour changer le discours, pour s’assurer que les politiques, qu’elles soient nationales ou étrangères, tiennent compte des formes croisées de discrimination et de marginalisation fondées sur la race, l’ethnicité, le handicap, l’orientation sexuelle, la classe sociale ou le statut de réfugié, tout en reflétant les réalités culturelles et sociales des différentes communautés concernées. »

Cette année, dans le communiqué du Y7, les délégués ont clairement indiqué que la crise climatique devait être abordée sous un angle sexospécifique et intersectionnel, en se concentrant sur l’accès au financement climatique, la gestion de crise et la formation et l’éducation adéquates des communautés vulnérables.

Pourquoi pensez-vous que l’égalité entre les genres et la protection de l’environnement vont de pair?

La lutte contre le changement climatique est un bon exemple de la raison pour laquelle il est si important d’adopter une optique intersectionnelle pour aborder les défis mondiaux. Tout d’abord, il est essentiel de reconnaître que, dans les pays riches et moins développés, les injustices environnementales et climatiques sont corrélées aux injustices entre les genres. La dégradation de l’environnement a une incidence disproportionnée sur les femmes, que ce soit par le biais de logements insalubres, d’un accès inadéquat aux transports, de l’insécurité alimentaire, du stress, de l’exposition à la chaleur, des coupures de courant ou de l’exposition aux produits toxiques. Lorsque nous parlons de climat et de politique étrangère, il est essentiel de comprendre les structures de pouvoir au sein de nos sociétés et de s’attaquer aux obstacles qui touchent différentes catégories de personnes d’un bout à l’autre du spectre de l’intersectionnalité. Nous devons veiller à ce que nos plans de transition écologique fassent également progresser l’équité entre les genres dans nos communautés. Pour y parvenir, nous devons nous poser les questions suivantes : Notre approche de la crise climatique mondiale profite-t-elle à un petit groupe de personnes sans remettre en question les positions et structures privilégiées qui perpétuent les injustices environnementales? Comment ces politiques permettent-elles aux femmes et aux personnes de genres différents de participer aux processus décisionnels? Ces politiques nous permettent-elles de mobiliser les ressources nécessaires à la recherche, à l’apprentissage, au soutien des politiques environnementales, au suivi et à l’évaluation d’une façon qui accorde une place centrale aux femmes?

Au-delà du G7 et du Y7, quels sont les plus grands défis pour l’égalité entre les genres, et comment les jeunes leaders peuvent-ils se préparer à les relever?

« Je pense que nous devons tous reconnaître que le progrès est quelque chose qui doit être protégé, et qu’en tant que société, nous devons constamment travailler pour le maintenir. Les filles, les femmes et de nombreuses personnes issues de la diversité sont souvent les premières à être touchées par les crises telles que les récessions économiques, les pandémies ou les catastrophes naturelles. » 

Mme Guillaume a poursuivi en notant que « la COVID-19 [a chassé] un nombre alarmant de femmes du marché du travail, ce qui constitue un coup dur pour l’égalité et la justice entre les genres » et que « la COVID-19 a eu un impact considérable sur l’accès à des services de santé de qualité, comme en témoignent la distribution inéquitable des vaccins, le faible accès à des services de santé de qualité et la diminution de l’accès aux soins de santé maternelle et reproductive ».

« Les jeunes doivent être très attentifs aux événements majeurs qui menacent d’exacerber les inégalités, et nous ne devons pas avoir peur de tirer la sonnette d’alarme lorsque les progrès sont compromis sous quelque forme que ce soit, même lorsque ce n’est pas évident. Je tiens également à ajouter que de nombreuses personnes sont encore convaincues que l’égalité entre les genres n’est pas un problème. En tant que jeunes leaders, nous devons normaliser le fait d’engager des discussions avec des personnes qui ne sont pas d’accord avec nous. Nous vivons dans un monde très polarisé, et comprendre les perspectives des autres peut être une importante source de croissance pour tous. Nous ne pouvons pas espérer faire face aux réactions négatives de façon constructive sans tenir ces conversations honnêtes, et nous devons reconnaître que notre compréhension de l’égalité entre les genres ne fera jamais l’unanimité. Cela fait partie du jeu. »

Enfin, j’ai demandé aux délégués de donner des conseils aux jeunes qui cherchent à faire progresser l’égalité entre les genres dans leur communauté.

M. Pallan a déclaré que « les jeunes leaders doivent prendre un moment de recul pour faire une sérieuse introspection » et a poursuivi en notant que la promotion de l’équité entre les genres « commence par la reconnaissance des avantages ou des désavantages auxquels vous faites face sur le plan personnel en naviguant dans la société au Canada et ailleurs ».

Pallan a déclaré que « ce n’est qu’en réfléchissant sérieusement à vos perspectives, à votre position et à votre capacité à accéder aux opportunités que vous pourrez commencer à élever les personnes qui vous entourent tout en aidant les autres à comprendre l’importance de créer des espaces et des systèmes qui font progresser l’équité entre les genres dans la communauté et à l’échelle nationale ».

« Il faut faire une place aux femmes et aux groupes marginalisés, afin de s’assurer que votre voix n’est pas la seule que l’on entend en ce qui concerne les questions qui nous touchent tous, surtout lorsque vous disposez d’une plateforme comme le Y7. Cela favorise un dialogue plus large et un échange d’idées fondamentales, en vue de bâtir des communautés plus inclusives. Nos communautés ne s’épanouissent que lorsque tous ses membres ont l’occasion de s’épanouir. Enfin, nous devons débusquer les pratiques, les processus et les systèmes obsolètes conçus pour empêcher les femmes et les communautés marginalisées d’accéder aux opportunités. Nous avons besoin de réformes audacieuses, et cela commence par des personnes qui s’expriment et proposent des solutions pour que les normes et systèmes soient les mêmes pour tous, au lieu d’avoir un système à différentes vitesses pour différents groupes. »

Il ressort clairement de nos conversations avec les délégués qu’il ne suffit pas aux décideurs d’utiliser le langage de l’équité entre les genres, mais qu’il faut plutôt faire preuve d’intention en proposant des investissements durables, en invitant les personnes ayant une expérience vécue à la table des décisions et, bien sûr, en centrant les voix des jeunes dans le co-développement de politiques destinées à servir les jeunes.

En fin de compte, si des opportunités telles que le Y7 contribuent à créer des espaces pour les jeunes, il reste encore un long chemin à parcourir pour garantir une participation significative des jeunes aux niveaux communautaire, national et mondial. Depuis des décennies, les jeunes continuent de défendre leur place légitime à la table des négociations, et nous continuerons de le faire en imaginant un avenir plus équitable, plus juste et plus transformateur pour les prochaines générations.

Erika Dupuis (Elle)

Coordonnatrice des communications et représentante de la santé pour la délégation canadienne au Sommet des jeunes du G7 (Y7) 2021

Erika est une travailleuse sociale de première ligne qui exerce dans la région du Grand Toronto. Elle est diplômée du programme de maîtrise en travail social de l’Université Ryerson, a reçu un certificat post-maîtrise de l’Université de New York et est actuellement boursière en justice sociale à l’Université de Toronto. Forte de son expérience en développement communautaire et en engagement des jeunes, Erika a soutenu plusieurs organisations dirigées par des jeunes qui visent à promouvoir l’équité en matière de santé chez les jeunes.

La délégation canadienne au Y7 est coordonnée par Jeunes diplomates du Canada, une organisation nationale, non partisane et à but non lucratif qui encourage le leadership des jeunes Canadiens par le biais de délégations internationales, de projets de recherche et d’initiatives de défense des intérêts.

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