Saviez-vous qu’à l’échelle mondiale, environ quatre membres du personnel de la santé sur cinq sont des femmes? Le Réseau Avenir égalitaire souligne le travail de travailleuses de la santé au Canada.

Naushin Hooda, Ph. D., est pharmacienne aux soins intensifs de l’hôpital Cortellucci Vaughan et scientifique à EpidStrategies. Elle a obtenu son doctorat en pharmacologie de l’Université de Waterloo et fait une résidence postdoctorale en affaires médicales et vaccins à Sanofi Pasteur par l’entremise de l’Université de Toronto. En tant que spécialiste de pharmacothérapie, elle a travaillé avec de nombreuses équipes interprofessionnelles dans des sites urbains et ruraux en mettant l’accent sur l’oncologie, les soins intensifs et la gestion de maladies chroniques. Leader reconnue en pharmacologie, elle a remporté de nombreux prix dans son domaine, dont le Prix Guy Genest pour la passion de la pharmacie de l’Association canadienne des étudiants et internes en pharmacie, le Prix d’excellence en matière de leadership pour le centenaire de l’Association des pharmaciens du Canada, le Prix de la meilleure élève de l’Association des pharmaciennes et pharmaciens de l’Ontario, et le Prix de la meilleure élève de l’Association canadienne de pharmacie en oncologie. 

Naushin est passionnée par l’amélioration de l’accès aux soins pour les populations marginalisées. Sa mission est de résoudre les difficultés montantes en matière de soins de santé, surtout en tant que défenseuse de la médecine fondée sur des données probantes, de l’élaboration de politiques inclusives et du plaidoyer pour l’avancement de sa profession. 

Comment la pandémie a-t-elle affecté votre travail? Si les Canadiennes et les Canadiens pouvaient comprendre une chose à propos de votre travail, de quoi s’agirait-il?

Quand j’ai reçu mon diplôme en 2019, j’avais hâte de commencer ma carrière de pharmacienne. Je m’étais imaginé à quoi ressemblerait la réalité pour laquelle je m’étais préparée pendant la majeure partie de ma vie : être la personne-ressource sympathique disponible et prête à aider sa communauté. Peu après avoir reçu mon permis d’exercice, la pandémie de COVID-19 a été déclarée et je ne savais pas ce qui allait se passer. Devrais-je travailler? Devrais-je rester à la maison, où c’était plus sécuritaire? En allant travailler, mettrais-je ma famille en danger? Devrais-je déménager dans un secteur où il y avait moins de cas de COVID-19 pour minimiser mes risques? Malgré toutes les questions que je me suis posées, la décision n’a pas été difficile à prendre. Je suis devenue pharmacienne pour aider les gens. Indépendamment de ce qui se produisait autour de moi, je savais que je devais respecter mes valeurs. Peu après, j’ai commencé à occuper mes fonctions actuelles en tant que pharmacienne aux soins intensifs en pleine crise de COVID-19. J’étais à l’épicentre du virus qui ébranlait le monde entier. La pandémie a eu un impact sur mon travail, car elle m’a poussée à accepter un rôle qui me mettait mal à l’aise au début. Toutefois, en repensant à l’année qui vient de s’écouler, je ne pourrais imaginer un meilleur endroit pour moi. 

Pendant cette année sans précédent, les pharmaciennes, les pharmaciens et le personnel de pharmacologie dans tout le pays ont joué un rôle essentiel dans la réponse à la COVID-19. J’espère que le peuple canadien comprend et apprécie le rôle des pharmaciennes, des pharmaciens et du personnel de pharmacologie en première ligne. Nous avons continué à assurer l’approvisionnement en médicaments en dépit des nombreuses pénuries auxquelles le pays a fait face. Nous avons participé au dépistage de la COVID-19 et à la vaccination. Nous avons continué à offrir des conseils médicaux à la patientèle et à participer au triage pour réduire le flux de patients aux urgences. Dans l’ensemble, le personnel de pharmacologie dans divers contextes de pratique (et il y en a plusieurs) a continué à offrir des soins de grande qualité au moment où notre peuple et notre système de santé en avaient le plus besoin. 

Comment la pandémie a-t-elle affecté votre vie personnelle?

La pandémie a changé ma façon d’interagir avec ma famille et mes amis. Étant très sociable et extravertie, j’ai dû faire preuve de créativité pour interagir avec autrui. Les événements sociaux sont devenus virtuels. Les réunions de famille se sont transformées en réunion Zoom. Mes loisirs et activités de détente, comme aller au gym, ont été limités. Il y a eu de bonnes et de mauvaises journées et il n’y a pas eu deux journées pareilles. La pandémie m’a forcée à m’adapter continuellement. Toutefois, je sais que je ne suis pas la seule à vivre cette situation. Nous avons tous subi des pressions additionnelles provenant de toutes les directions. J’imagine que nous nous sentons plus forts quand nous savons que nous ne sommes pas seuls. 

Vous êtes-vous fait vacciner? Si oui, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris que vous alliez recevoir le vaccin? Sinon, comment l’attente affecte-t-elle votre santé mentale?

En tant que travailleuse de la santé qui travaille en première ligne aux soins intensifs, je suis très reconnaissante de m’être fait vacciner. Le mot « soulagée » n’est pas assez fort pour décrire ce que ça me fait professionnellement et personnellement. Pour un trop grand nombre de personnes, ce vaccin n’est pas arrivé assez tôt. Je me sens plus en sécurité et j’ai plus d’espoir – deux sentiments que je n’étais pas certaine de ressentir à nouveau.

Avez-vous un conseil à donner aux étudiantes et étudiants pendant cette période?

Les élèves en pharmacologie qui ont reçu leur diplôme pendant la pandémie ont fait preuve d’une unité et d’une résilience sans précédent. Il a été particulièrement difficile, après avoir terminé de nombreuses années d’études, de devoir attendre avant de recevoir leur licence officielle. Même sans la licence, la prochaine génération de pharmaciennes et pharmaciens a réussi à contribuer à la réponse à la pandémie, notamment en devenant des vaccinatrices et vaccinateurs contre la COVID-19. 

J’admire ces groupes d’élèves et de stagiaires en pharmacologie. Le conseil que j’aimerais donner à la prochaine génération est de continuer de s’unir et d’être en relation. Partagez vos expériences et vos frustrations, et agissez. Je reconnais que c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, mais vous avez démontré à quel point vous pouvez être puissants et avoir de l’influence. J’ai très hâte que vous vous joigniez tous à nous en tant que futurs pharmaciennes et pharmaciens.

La dernière année a été longue et difficile. Qu’est-ce qui vous motive? Avez-vous des histoires d’espoir à partager?

Je me sens très bien soutenue par l’équipe de pharmacologie et par l’équipe interprofessionnelle de l’hôpital où je travaille. En cette année où la solitude est malheureusement devenue beaucoup trop présente, je suis chanceuse de faire partie d’une équipe qui reconnait les efforts collectifs et les progrès réalisés, même lorsque le résultat n’est pas toujours celui qu’on aurait souhaité. La campagne de vaccination dans ma communauté me donne de l’espoir quant à l’avenir. Y ayant participé en tant que vaccinatrice à la clinique, je me dis que pour chaque personne que j’ai vaccinée – dont la plupart faisaient partie d’un groupe à risque -, je préviens la présence d’un individu, et peut-être plus encore, à l’unité des soins intensifs. Dans les prochaines années, j’espère qu’en repensant à cette période difficile de l’histoire, je me dirai que malgré ma peur, j’ai appris au lieu de reculer, et ce, aux côtés de plusieurs travailleuses et travailleurs de la santé en première ligne.

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